Addis Abeba
Ethiopie

Novembre 2001

avec la cohabitation de Jack Berthion
Le Merkato,
marché central
You, mister, give me money
 

Vies d'Addis
Le soleil tape continuellement sur Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie. Les rues sont encombrées d'auto-bolides peu préoccupées par la sécurité des piétons.

Les nuages de poussières, les gaz d'échappement, ainsi que l'altitude (2100 m) imposent une respiration essoufflée. A tous les coins de rue, devant les boutiques et les lieux de culte, aux arrêts des bus, des mendiants : aveugles, enfants, estropiés, déformés, familles entières... L'Ethiopie, triste pays de la Corne de l'Afrique, traîne sa réputation de misère, de famines et de guerres.

Odeurs d'Addis
Il règne dans Addis une odeur improbable mais omniprésente. Mélange olfactif complexe qui tient du mastic gras pour fenêtres et du sous-bois humide. L'odeur des miséreux ?
Addis apparaît comme un point de pèlerinage de tous les mendiants de la Terre. Ils occupent les trottoirs de la ville, en familles entières, ou regroupés par vices de forme.

"You, you, mister, give me money. Mother dead, father dead". C'est le refrain classique, le "Frère Jacques" des enfants de la rue à l'approche des visiteurs étrangers. Une denrée bien trop rare pour nourrir toute la population. Si rare que les pickpocket locaux, mal entraînés, échouent à chaque tentative.

Querelles de paroisses

Dès 6 heures du matin, la ville s'éveille au son des appels à la prière. Mais ici, ce n'est pas un muezzin du haut de son minaret. C'est un prêtre, chrétien orthodoxe, la religion la plus pratiquée. Cette Eglise, soeur de la confession copte d'Egypte et architecturalement influencée par l'Eglise arménienne, a pris ses quartiers en Ethiopie depuis 17 siècles.
Les chrétiens représenteraient actuellement 50 % de la population éthiopienne, pour 40 % de musulmans.
Les deux religions vivent en intelligence. Ces dernières années, seuls quelques heurts sporadiques, insignifiants, ont ponctué leur cohabitation.
Certains parlent pourtant d'une surenchère de ferveur.
Les orthodoxes craignent de perdre leur suprématie. L'évolution démographique penche en faveur de la confession musulmane. Elle prend notamment de l'ampleur dans le milieu stratégique des affaires. D'autant que les Emirats Arabes, investisseurs proéminents, jouent les grands frères et participent au développement des infrastructures.
L'Etat reste quant à lui fondamentalement laïc. Une conception héritée de la période communiste.
Préservée des conflits religieux, malgré sa situation de chrétienne parmi les pays musulmans, l'Ethiopie doit faire face aux différents ethniques. Le pays en compte une quatre-vingtaine. Tensions accentuées par la politique de décentralisation que mène le gouvernement en application de l'adage "diviser pour mieux régner".

Ethiopie/Erythrée, match nul
Tension contenue, mais à fleur de peau, avec le voisin Erythrée. Cette ex-région de l'Ethiopie accède à l'indépendance en 1993. Elle devra se battre à plusieurs reprises pour préserver son autonomie. Le dernier conflit, guerrier de 1998 à 1999, a pris fin en décembre 2000. Ce différend est peu soutenu par la population éthiopienne qui souhaiterait vivre en paix avec les erythréens. D'autant que l'Ethiopie et l'Erythrée paient cher leur engagement armé. Les deux pays se retrouvent parmi les plus pauvres de la planète. Les dépenses militaires ont grevé leurs économies. En 1999, le ministère éthiopien de la Défense engloutissait 39 % du budget national, et encore 22 % en 2000. Lueur d'espoir : le statu quo semble respecté des deux côtés.
L'Ethiopie subit également les effets de famines périodiques. Situation longtemps entretenue par le gouvernement qui y trouvait son compte en détournant l'aide internationale.
Le gouvernement en place a amorcé une opération "mains propres" dans les hautes sphères pour lutter contre la corruption. Et gagne progressivement la confiance de la population.

Culture millénaire sous-exploitée
L'Ethiopie souffre de la mauvaise gestion de son principal potentiel : une culture millénaire. Tant qu'elle n'est pas transformée en tourisme, cette richesse ne vaut pas grand chose sur le marché des valeurs internationales .
L'Ethiopie est régulièrement affublée de l'appellation "berceau de l'humanité". Un terme justifié dans de nombreux domaines.
C'est ici qu'a été exhumé le squelette de Lucie, longtemps considérée comme la première présence humaine sur Terre (et détrônée depuis peu).
Le pays est également un berceau du christianisme. Au-delà, la légende raconte que l'Arche d'alliance, qui contient les Tables de la Loi (où sont inscrits les Dix Commandements) serait actuellement en sécurité dans un monastère à Aksoum. Le grand Salomon de Jérusalem aurait confié l'Arche à son fils Ménelik (né de la reine de Saba, une éthiopienne) dix siècles avant Jésus-Christ. Personne ne peut le vérifier car les lieux sont surveillés par des prêtres chrétiens. (voir le National Geographic, version française, de juillet 2001 : www.nationalgeographic.com ).
Le pays héberge aussi la source du mythique Nil Bleu qui alimente le Grand Nil. Les pouvoirs maléfiques et magiques du Nil Bleu ont fait émerger une véritable religion en Ethiopie.
Autre valeur potentielle : la multiplicité d'ethnies. Certaines d'entre-elles, notamment dans la vallée de l'Omo, conservent des modes de vie primitifs. Les ethnologues en raffolent. Les photographes y figent leurs meilleurs clichés (voir Cérémonies d'Afrique de Carol Beckwith et Angela Fisher, aux éditions de la Martinière : www.lamartinière.com ).
Est-ce le métissage de ces ethnies qui a engendré tant de beautés dans la population ?
Portraits sans commentaires :

L'Ethiopie, pays décalé, qui possède son propre calendrier (ils sont actuellement en 1994), son propre décompte des heures (il est 0 heure au levé du soleil, déjà 6 heures du matin sur nos montres), et son propre alphabet de 33 lettres qui composent l'amharique, la langue nationale.

Autant dire que ce n'est pas seulement un pays. C'est un trésor.


Sourds en Ethiopie
Ce séjour a notamment abouti sur une série de reportages consacrés à la communauté sourde en Ethiopie (lire Echo Magazine, mensuel des sourds et des malentendants, ainsi que Les nouvelles d'Addis).
L'occasion est toute trouvée pour adresser nos sincères remerciements à tous les amis sourds d'Addis, à l'ENAD (Ethiopian Nationale Association of the Deaf), et particulièrement à Ato Tekle, notre guide et créateur du site de l'association, ainsi que d'un dictionnaire Anglais/Amarhique/LSE (Langue des Signes Ethiopienne).


Ethiopian Airlines et Bole Airport
A noter également la parution de nombreux reportages sur le nouvel aéroport d'Addis, Bole Airport, ainsi que sur la compagnie nationale, Ethiopian Airlines. A lire dans Aéroports Magazine, Air & Cosmos, et sur les pages web des Nouvelles d'Addis, rubrique "Thema", puis "Transport aérien".

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