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Gyumri,
des plaies encore ouvertes
1988,
la Terre tremble. Elle s'ouvre en deux en Arménie. Gyumri, dans
la région de Shirak, se situe à quelques kilomètres de l'épicentre.
En un instant, la ville est détruite à 60 %. À l'époque, le show-bizz,
Aznavour en tête, mobilisent le monde pour soutenir les déshérités.
Dix ans après, d'autres seismes ont détourné l'attention.
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En
douze ans, la cicatrice de Gyumri, au nord de l'Arménie, ne s'est
pas refermée. Le temps est resté suspendu au-dessus de ce gouffre.
La ville et sa région restent figés dans les ruines et la misère.
La ville n'est qu'un tas de décombres. |
Aux
pages "Gyumri" du guide touristique Le petit futé Arménie,
on peut lire : "visiter Gyumri relèverait, dans l'état actuel,
d'un voyeurisme indécent ; trop de détresse dans une population meurtrie
attendant dans des abris de fortune d'être relogée…"
La population ne parvient pas à panser ses plaies. Seulement 5% des
industries ont repris leurs activités. Le chômage touche 25% de la
population de la région de Shirak.
70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Elle survit dans
des bidonvilles, à même les ruines. Les baraques sont de tôle, aménagées
dans des containers. Des conditions insupportables dans une région
où les températures dépassent 40 degrès l'été et tombent largement
sous zéro l'hiver. Seules habitations décentes, récemment rénovées
: une série d'immeubles robustes, bâtis sur les derniers fonds
de l'empire soviétique, et… la maison du questeur d'impôt. |
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Les
familles n'ont plus les moyens de subvenir aux besoins essentiels
de leurs enfants. Elles sont contraintes à les placer dans des pensionnats
d'États où ils sont censés trouver un repas quotidien. Les enfants
s'y entassent à sept ou huit dans des chambres insalubres. |
"Aujourd'hui
l'État ne paye plus que les salaires des instituteurs, raconte,
désabusé, le directeur d'un établissement de 550 élèves de 7 à 15
ans. Pour les nourrir nous faisons appelle aux associations humanitaires.
Dernièrement, j'ai pu acheter du mobilier pour deux classes grâce
à de l'argent gagné… à la loterie nationale. Je suis obligé de fermer
le pensionnat deux mois en hiver, faute de pouvoir payer le chauffage.
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On
assiste à une véritable hémorragie démographique. "Les habitants
fuient le pays, explique Michael Mouradian, responsable à Gyumri
de l'association humanitaire Caritas. Les recensements officiels
font état de 210 000 habitants dans notre localités. Nous estimons
que le chiffre réel ne dépasse pas les 100 000." |
Erevan,
la capitale
À une centaine de kilomètres au sud, Erevan, la capitale, n'a pas
les moyens de financer la reconstruction.
La ville a déjà du mal à se remettre de la griffe communiste. L'État
ne parvient pas à maîtriser les conséquences du libéralisme. |
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Tourisme
L'Arménie rêve de s'ouvrir
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Coincée
entre deux géants, la Russie et la Turquie, entre deux cultures, soviétique
et méditerranéenne, l'Arménie tente d'affirmer son identité. Le tourisme
ouvre la voie de son émancipation.
L'Arménie en est aux balbutiements touristiques. Sous l'ère communiste,
le pays était considéré comme la Côte d'Azur des dignitaires soviétiques.
Le soleil y brille 300 jours par an. Le pays regorge de richesses
culturelles : lieux de culte, artisanat (tapis et orfèvrerie )… |
Autre
atout de l'Arménie : sa géographie. On passe des steppes rocailleuses
aux montagnes couronnées de neiges éternelles. " En 1999, nous
n'avons accueilli que 20 000 aventuriers, amateurs de tourisme culturel
et ethnique, confie Armen Galstyan, directeur de l'une des principales
agences de voyage d'Erevan, la capitale. Nous estimons qu'ils seront
100 000 en 2001." |
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Echmiadzin,
"Vatican"
de l'Eglise arménienne |
C'est
en effet l'année des 1700 ans du choix du christianisme comme religion
d'État. Les investisseurs privés jouent sur l'événement pour organiser
des pèlerinages à l'intention des Arméniens issus de la diaspora.
"Ils seraient 400 000 en France", estime Gary Ulubayan, auteur
d'un guide touristique sur le pays. À cette occasion, le Catholicos,
patriarche de l'Église arménienne, a appelé les fidèles du monde entier
à se réunir à la cathédrale d'Édchmiadzin, en juillet 2001. |
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